Le Projet
« Les lucioles ont disparu dans l’aveuglante clarté des féroces projecteurs : projecteurs des miradors, des shows politiques, des stades de football, des plateaux de télévision ». Pourtant, ces lucioles, qui ne « métaphorisent [chez Pasolini] rien d’autre que l’humanité par excellence », n’ont pas toutes disparu. « Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanités, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle. »
Extraits de Survivance des Lucioles de Georges Didi-Huberman, à partir de l’article Le vide du pouvoir de Pier Paolo Pasolini.
Dans une société où le rôle de l’image et des médias de communication est devenu prédominant, où les pouvoirs médiatiques et économiques sont de plus en plus concentrés, les messages et les représentations tendent à s’uniformiser. Dans ce contexte, il est urgent de participer au développement d’autres formes d’expression et à l’émergence d’initiatives et de savoirs collectifs.
Le cinéma documentaire est une expérience se nourrissant d’influences artistiques et culturelles multiples. Il est un formidable instrument qui nous permet d’appréhender, de décrypter, de construire le réel, d’observer les fonctionnements et les dysfonctionnements de notre monde et d’exprimer une vision singulière.
Les Lucioles du Doc est une association de loi 1901 militant pour une éducation critique à l’image et pour l’accès aux œuvres et moyens d’expression audiovisuels. Elle utilise le film documentaire comme médium de son engagement, car elle le considère comme un excellent moyen de sensibilisation, d’éducation, de formation et de débat. Elle a vocation à accompagner les structures qui souhaitent s’emparer de cet outil, capable d’encourager le plus grand nombre à se réapproprier les questions fondamentales qui font le fonctionnement d’une société.
Ce projet envisage l’espace public comme lieu d’expression à re-politiser (au sens étymologique du terme) et comme générateur d’action. Il tente de fonctionner en ouverture sur le monde et de participer à des changements sociétaux. Les Lucioles du Doc refuse que seules certaines entités, personnes, partis ou spécialistes accèdent au savoir, à la réflexion et les confisquent. A l’inverse, elle considère le public non comme un ensemble de « consommateurs » passifs mais comme autant de singularités aptes à l’expression et à la création. Dans ce sens, elle souhaite mener en commun avec lui ses projets.
La vie de trop nombreux documentaires de qualité s’arrête – ou se réduit comme peau de chagrin – une fois que les possibilités classiques de diffusion ont été exploitées, avec ou sans succès. Les Lucioles du Doc, à la manière de beaucoup d’associations et de structures variées qui œuvrent en ce sens, participe au prolongement de la vie de ces films et à leur rayonnement. La volonté des Lucioles du Doc est d’évoluer à une échelle nationale, afin d’encourager la diffusion de films documentaires dans une grande diversité de lieux et de territoires, auprès d’un large public.
Les Lucioles du Doc, à contre-courant de l’accélération systématique et redoutable, de l’événementiel et du résultat rapide, enfin de la dimension performative de notre société, croit que le temps long est une garantie essentielle de qualité et d’échange. Ce temps long concerne l’avant, le pendant et l’après de la projection.
Les Lucioles du Doc pense qu’il est important d’échanger avec un maximum de personnes, parce que cet échange permet la rencontre d’une pluralité d’expériences, de compétences et de points de vue. Le cinéma ne peut être dissocié de la vie, ou se superposer à elle. Aussi, il est important de se connecter à toutes celles et ceux qui réfléchissent et œuvrent à la transformation sociale, de créer des alliances, même passagères, tout en cultivant nos singularités.
Les Lucioles du Doc est un projet joyeux en maturation constante.
Comment ça marche ?
Notre écosystème
Les Lucioles du Doc sollicite une grande diversité d’espaces : établissement scolaire, centre socio-culturel, établissement pénitentiaire, maison de quartier, espace du travail, maison des jeunes et de la culture, jardin associatif, et même média en ligne. En somme, tout endroit qui pourrait proposer au public qui le fréquente un temps de réflexion et d’échange autour du cinéma documentaire.
D’un bout à l’autre du cinéma documentaire
Le cinéma documentaire est au cœur des activités de l’association, à la fois à travers la réalisation de films par les personnes participantes et la diffusion de films documentaires réalisés par des cinéastes.
Les Lucioles organisent des projections : elles assurent la rémunération des ayants-droit et l’acheminement des copies sur les lieux de projection, accompagnent les structures dans l’organisation et l’animation des séances. Elle peuvent également proposer des intervenant.e.s et du matériel pédagogique. De leur côté, les structures prennent en charge la mobilisation du public et la communication.
Les Lucioles publient des articles sur Basta! : elles coordonnent chaque mois le choix et le visionnage de films documentaires et l’écriture des critiques mais aussi le lien avec les ayant-droits et l’équipe des films sélectionnés.
Les Lucioles animent des ateliers dans le cadre d’ateliers de programmation et d’éducation critique à l’image ; de réalisation documentaire et de débat politique.
Les Lucioles produisent des films : elles assurent la post-production, l’édition et la diffusion des films réalisés par les participant.e.s de certains ateliers.
La dimension collective
Les membres du conseil d’administration, adhérent.e.s et bénévoles de l’association peuvent participer au travail de sélection des documentaires, à la préparation et à l’animation des activités, ainsi qu’au fonctionnement de l’association dans son ensemble. Des temps collectifs sont régulièrement organisés pour consolider notre groupe et définir ensemble ce vers quoi nous souhaitons aller. Ces temps collectifs sont autant d’espaces pour l’auto-formation, l’analyse de nos pratiques et la co-construction.
L’association s’organise également autour de groupes de travail, qui soutiennent le fonctionnement de certains projets et l’équilibre de l’association.
Cette présentation du fonctionnement de l’association n’est ni exhaustive, ni définitive.
Elle se dessine au fur et à mesure des nouvelles rencontres et propositions.
N’hésitez pas à nous contacter !